22134 380x230Par Fernand Lopez OYONYEBE

Quasiment tous les combattants vous le diront, ils n’ont pas peur de combattre ou peur de l’adversité en combat.
Ceci dit, en tant que combattant et depuis quelques années, coach, j’ai appris à comprendre et à dompter cette pseudo «peur » que ressent tout combattant à l’annonce de son prochain adversaire et tout au long de sa préparation.

C’est cette expérience que j’ai décidé de partager avec vous dans ce numéro de FUTURELAB Magazine.

LE MECANISME

Le système nerveux central est constitué du système nerveux somatique, qui met l’organisme en communication avec l’extérieur, et le système nerveux végétatif, ou autonome, qui régule les fonctions autonomes, notamment la respiration, la digestion, les excrétions, la circulation (battements cardiaques, pression artérielle).

Imaginons un combattant au cinéma. Loin de son sport et de sa salle d’entrainement. Il est tranquille et à les constantes physiologiques stables. On dit qu’il est en état de cohérence cardiaque.

Dès lors qu’il recevra un message texte de son entraineur pour lui annoncer la date de son prochain combat ou même pour lui demander de ramener des documents relatifs à ce combat là, son système nerveux neuro végétatif identifiera le danger et va mettre en place un certain nombre de mécanisme pour lutter contre l’éventuel danger.

Le système nerveux neuro végétatif est divisé en deux partie :
Le système nerveux sympathique encore appelé orthosympathique. Il est chargé de préparer le corps à s’adapter à la situation anxiogène identifiée, d’où le « chaos cardiaque » :
Elévation de la fréquence cardiaque afin de pouvoir pomper plus de sang et donc plus d’oxygiène dans les muscles
Dilatation de la pupille pour améliorer l’acuité visuelle.
Décharge d’adrenaline et de norandrenaline
Augmentation de l’amplitude réspiratoire et de la fréquence respiratoire
Dilatation des bronches

Le système nerveux parasympathique lui est chargé de la baisse de toutes ces constantes et du retour à l’homéostasie, sorte d’équilibre naturelle pour l’organisme.
Ce phénomène de stress est fortement anxiogène et energivore.

Il convient donc pour nous entraineur, préparateur physique et coach d’en tenir compte et de proposer des adaptations pédagogiques.
Le stress est ressenti tout au long de la préparation jusqu’à la fin de la compétition. (Pendant les entrainements, lors de l’échauffement dans les vestiaires le jour du combat et pendant le combat.)
L’effet de l’anxiété sur la glycémie peut varier d’une personne à l’autre. L’un de ces effets peut être hypoglycémiant, ce à dire, baisser le taux de sucre dans le sang. Il provient du ralentissement du passage du contenu de l’estomac vers l’intestin, ce qui a le même effet que celui d’un repas oublié.

C’est pourquoi il est important de comprendre que même en période de sèche pour les combattants, le sucre rapide reste le carburant principal pour l’appareil locomoteur.
Je recommande une supplémentation hydrique isotonique à ces différentes périodes afin d’éviter toute chute du taux de sucre dans le sang.
Ces différentes boissons de récupération devront être prises pendant l’effort ou juste après l’effort pour éviter de dépasser la fenêtre métabolique (fourchette de temps de 30 minutes après la fin de l’entrainement pour supplémenter de manière efficace les différentes pertes de glucose)

Principe d’actions

Le stress est ressenti lorsqu’un déséquilibre est perçu entre ce qui est exigé de la personne et les ressources dont elle dispose pour répondre à ces exigences.

Dans le cadre du MMA, la plupart du temps, cette perception est psychosomatique et ne reflète pas la réalité.
De la même manière qu’on pense souvent être incapable de bien parler devant une audience, de la même manière un combattant pense ne pas être à la hauteur de ce que le public attend de lui.

Mon approche mental de cette problématique pour mes combattants est de les mettre à des situations similaires à celles de la compétition voire pire.
En période de développement des qualités physiques par exemple, je vais leurs imposer 6 minutes par round alors que le round dure 5 minutes. Ceci aura pour but de créer un point d’encrage sur lequel ils s’accrocherons lors des moment de doutes.
J’essaye de créer les même situations anxiogène qu’à la compétition. Une moitié de la salle supporte et encourage un boxeur tandis l’autre moitié encourage l’autre boxeur.

Pendant la competition

Durant le combat, le public, les lumières, les proches et amis sont autant de facteurs qui vont augmenter le niveau de stress.
C’est à ce moment là que la coachabilité (la capacité à rester lucide et concentrer sur l’aspect technico-tactique) va prendre tout son sens. Si le combattant est capable d’isoler le son de la voix de son coach, s’il est lucide et clairvoyant, il sera à même de pousuivre son combat dans de meilleurs conditions.

Entre chaque round, je vais prendre soins de mon combattant en évitant de lui transmettre mes inquiètudes ou ma grande euphorie pour pas le destabiliser.
C’est à ce moment là que j’utiliserai les points d’engrages dont je vous ai parlé plus haut. Je vais lui rappeler qu’il est bien préparer, qu’il a fait des rounds de 6 minutes au lieu de 5 minutes.
La performance sportive est multifactorielle. Il est donc intéressant de recenser tous les facteurs de la performance dans votre chanps disciplinaire et de n’en négliger aucun.

Par Fernand Lopez OYONYEBE